Le harcèlement moral (Définition)
Le code du travail, article L.1152-1 le définit ainsi :
Aucun salarié ne doit subir les agissements répétés de harcèlement moral qui ont pour objet ou pour effet une dégradation des conditions de travail susceptible de porter atteinte à ses droits et à sa dignité, d’altérer sa santé physique ou mentale ou de compromettre son avenir professionnel.
Pour parler de harcèlement moral, trois critères sont indispensables :
La répétition et la durée :
Il faut qu’il y ait un enchaînement de pratiques sur une assez longue période avec répétition d’attitudes destinées à nuire à une personne en particulier.
La souffrance et l’atteinte à la dignité et à la santé :
Ces pratiques (gestes, paroles, attitudes) vont infliger une souffrance intense à la personne qui va se sentir dévalorisée, isolée et qui a l’impression de vivre une situation de “fous”. Il va y avoir progressivement une altération de la santé physique et mentale de la personne harcelée.
Une dégradation des conditions de travail :
Le harcèlement va entraîner progressivement une dégradation des conditions de travail telle qu’il va mettre en péril l’emploi de la personne harcelée et compromettre son avenir professionnel.
Dans le harcèlement moral, il y a une volonté délibérée de nuire à une personne en particulier avec des pratiques variées.
Par exemple :
- isoler la personne et interdire à ses collègues de lui parler
- ne plus lui donner de travail (mise au placard)
- lui donner un travail humiliant
- lui fixer des objectifs impossibles à atteindre ou au dessus de ses compétences
- ne plus lui transmettre les consignes
- ne plus l’inviter aux réunions ou aux moments de partage dans l’entreprise
- multiplier les brimades et les remarques…
Le harcèlement moral peut être descendant (d’un supérieur à son subordonné) ou inversement ascendant, il peut également se faire entre collègues de travail, de façon latérale.
Ce qui ne relève pas du harcèlement moral :
- un problème relationnel entre deux personnes au travail
- un conflit ou un désaccord entre des personnes
- des insultes ou des paroles déplacées
- une souffrance due à une mauvaise organisation du travail
- un stress à cause d’objectifs difficiles à atteindre…
Dans le cas de harcèlement moral, c’est la personne elle-même qui est visée.
Le 26 mai 2014
Cet article ravive des souvenirs douleureux! En 2008, à l’âge de 58 ans, j’ai été embauchée par la Directrice d’une maison de retraite, qui n’était pas rebutée par mon âge, car pour elle j’aurais la maturité et la “rondeur” nécessaire pour le contact avec les résidents. (C’était pour un CDD de deux mois, éventuellement renouvelable, et qui aurait débouché sur un CDI, car une de mes collègues allait partir.) Mais son adjointe n’était pas de cet avis, et dès le départ elle m’a méprisée, et a cherché à me diminuer, me déstabiliser. Presque tout ce que cet article mentionne, j’y avais droit : elle me laissait partir déjeuner seulement quand les autres collègues avaient fini, elle me fixait des objectifs impossibles à tenir (avant que j’avais fini une tâche urgente, elle m’en donnait une autre, puis me reprochait de ne pas aller assez vite, etc). Elle m’expliquait des tâches que je savais faire (envoyer un email, ouvrir ou fermer un document sur l’écran), mais ne m’expliquait pas des choses plus compliquées, que j’ai naturellement “loupées” . Par exemple, le jour où j’étais seule de garde, une résidente est décédée, et je devais m’occuper d’ envoyer les statistiques au siège (un lit s’était libéré!) et comme elle ne m’avait pas expliqué les différents sigles sur le document, je me suis trompée! Le péché impardonnable! Elle se moquait de moi dans mon dos, disant que j’étais tout juste bonne à faire des photocopies! Pour la première fois de ma vie, je ne dormais pas la nuit, et j’allais au travail avec un noeud à l’estomac. J’ai commencé à dresser une liste de toutes les brimades que je subissais, pour en parler avec la directrice. A la fin de mes deux mois, la directrice m’a appelée dans son bureau pour me dire qu’elle ne renouvelait pas mon contrat, car je ne faisais pas l’affaire. Là, j’ai tout déballé, en larmes, et elle m’a demandé pourquoi je n’en avais pas parlé auparavant! C’est que je n’en croyais pas mes yeux, si je puis dire, j’avais du mal à croire ce que j’étais en train de vivre. J’étais soulagée que mon contrat n’ait pas été renouvelée, mais j’étais désolée de quitter le travail avec les personnes âgées, j’avais eu un très bon contact avec elles. Et elles aussi, elles souffraient aux mains du personnel “soignant” qui était souvent sans coeur et même cruel envers les résidents. Mais ça, c’est une autre histoire…